J9 : les cascades abandonnées
Parcours : Stóri Núpur - Selfoss
Distance : 130 km
Je me réveille avec vue sur l’Helka, un volcan actif qui est susceptible de rentrer en éruption du jour au lendemain, car il est en retard dans son cycle qui est d’une éruption tous les 10 ans environ. Ceci rend donc l’ascension un poil risquée, car même si le service de surveillance sismique prévient par SMS les personnes présentes sur zone en cas de secousse annonciatrice d’explosion proche, encore faut-il avoir le temps de redescendre du côté de son véhicule pour fuir ensuite. Quoiqu’il en soit, il faut un 4×4 pour rejoindre la route qui s’en approche, cela règle donc le problème.
J’ai peu de kilomètres à faire aujourd’hui, donc je peux prendre le temps de suivre les indications de mon hôte pour visiter les coins alentours. À commencer par une piscine abandonnée, perdue en plein désert, à laquelle on accède par une piste qui n’est nullement indiquée. Bref, il faut vraiment savoir où on va et ce qu’on vient chercher pour trouver, sinon on a tôt fait de passer à côté ou de se perdre (il faut bifurquer de la route 32 au point suivant : 64.121639, -19.871243).
Un gros panneau sur le portail indique que la piscine est fermée, mais quelques voitures sur le parking et des bruits au loin incitent à rentrer tout de même. On découvre alors une vieille piscine, effectivement bien abandonnée puisque des algues se sont développées au fond et contre les parois. Mais la source d’eau chaude à proximité, qui, elle, n’en a que faire des tumultes volatils de l’économie humaine, continue à faire jaillir de ses profondeurs une eau toujours aussi chaude, qui continue par la même occasion à alimenter la piscine. On se retrouve donc avec une piscine perdue au milieu de collines désertiques, continuellement remplie par l’eau de la source à côté, et dans laquelle des touristes avisés (ou conduits ici par un guide local, comme c’est le cas du groupe que je croise) viennent se réchauffer malgré l’état des lieux.
40° à l’ombre. Enfin non, dans l’eau.
En revenant sur la route, tout proche de là se trouve la sympathique petite cascade de Hjálparfoss qui se distingue, outre par les deux bras d’eau qui se rejoignent au niveau de la chute, par la présence d’orgues basaltiques tout autour du lieu. Il s’agit là de la lave solidifiée qui s’est rétractée en se refroidissant pour former des « barres » collées les unes aux autres.
L’islande, l’autre pays des cascades.
Pour finir le tour du coin, direction Stöng, où se trouve les restes d’une ferme mis à nu par des fouilles archéologiques, et une colline verdoyante sur les hauteurs derrière.
Petit souci sur place, si sur la carte la route n’est pas notée « F » (rappelez-vous, les F roads réservées aux 4×4), sur le terrain il y a un panneau qui précise que c’est le cas.
Il ne reste plus grand chose de la ferme en question, qui a probablement été abandonnée au XIIème suite à une grosse éruption de l’Helka. Ce qui est plus intéressant en revanche, c’est de continuer par-delà la ferme, en suivant les nombreux sentiers qui s’enfoncent dans la végétation plus dense sur cette colline, où se cachent dans la demi-ombre qu’elle offre de nombreux champignons. Il y a là de quoi préparer son dîner du jour pour qui sait les choisir.
Qui veut tester s’il est comestible ou pas ?
En continuant encore un peu, on se retrouve dans un superbe lieu, intimiste, légèrement encaissé et protégé des éléments environnants, où se trouve plusieurs cascades. Elles ne sont pas de taille à concurrencer les plus grosses que j’ai pu croiser jusqu’ici, mais c’est leur présence toutes ici, c’est l’ensemble qui donne au lieu cette ambiance particulière. Sur le promontoire rocheux au centre, on a des cascades sur 180°. Et la verdure, attirée par toute cette eau, n’est pas en reste, c’est assez rare en Islande pour le souligner. C’est en fait un oasis, un véritable oasis perdu au milieu du désert.
Conseil à ceux qui veulent tenter la même chose et qui n’auraient pas de 4×4, au lieu de prendre la 327 au niveau de Hjálparfoss, allez plus au nord prendre la 332 puis bifurquez à gauche sur la 327, le chemin est plus court, même si vous arriverez directement à côté des cascades sans grande possibilité de traverser pour aller cueillir des champignons.
Je m’en descends ensuite vers Selfoss pour rejoindre mon hébergement, et dois passer sur une piste de graviers. Et là, je découvre encore une variante de la conduite en Islande, la piste en « tôle ondulée ». La formation de ces petites vaguelettes est assez floue, mais c’est le passage répété des véhicules qui les crée. Les amortisseurs de la voiture crient au supplice, et le corps est pas loin d’en faire de même, tant on se sent secoué. Comme dans Le salaire de la peur, on est tenté de rouler plus vite pour essayer de rester sur les crêtes et ne pas retomber dans les creux. Et ça marche plutôt bien, on est bien moins secoué à 60km/h sur ce type de piste qu’à 20km/h, même si c’est assez risqué tant on y perd en adhérence. Heureusement la piste est droite et les autres voitures peu nombreuses.
J’ai croisé d’ailleurs, ici et avant ces derniers jours, de nombreux travaux de réfection de la chaussée. Des travaux à pas d’heure le soir et le dimanche aussi, c’est à se demander quand ils se reposent ces Islandais. Qui à dit l’hiver ? Les routes secondaires non goudronnées ont peut-être des jours comptés.
Me voilà à nouveau sur la route N°1, qui m’ouvre à la côte sud du pays, la plus pluvieuse. Cela se confirme aussitôt puisque, après une première semaine où le soleil était présent pratiquement à longueur de journée, la pluie m’accueille à Selfoss.
Dans l’auberge du soir, comme à plusieurs autres endroits en Islande d’ailleurs, une chose surprend dans la salle de bain. L’eau chaude dégage une odeur de souffre. Un peu perturbant au moment de se laver les dents ou de prendre sa douche.
Les moutons du jour :
Moutons du désert.