J8 : Mars, cet ersatz de l’Islande
Parcours : Reykjavik - Stóri Núpur
Distance : 180 km
En route pour le circuit des grands sites touristiques aujourd’hui, en suivant la route 435 qui offre un décor des plus étranges, très différent de ce que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. Des petites montagnes volcaniques sur lesquelles essayent vaillamment de pousser quelques touffes d’herbes là où la mousse laisse un peu de place. Cette mousse justement est très épaisse, on peut s’enfoncer de 10 centimètres lorsqu’on marche dessus. Il est d’ailleurs demandé d’y faire attention et de suivre les sentiers pour ne pas abîmer cette végétation qui peine à se développer.
C’est une région très active en sous-sol, et on aperçoit régulièrement des fumerolles naturelles ainsi que les fumées des centrales géothermiques du coin. La centrale de Nesjavellir près de laquelle je me suis arrêté justement, produit de l’électricité mais canalise aussi de l’eau chaude (sous forme de vapeur ?) vers la capitale, via un réseau d’oléoducs qui courent le long de la route. Il s’agit d’une énergie abondante en Islande, presque la totalité des habitations sont chauffées ainsi. Le chauffage y est allumé toute l’année même en été, et il ne semble pas perturbant pour les islandais de laisser les fenêtres ouvertes dans le même temps pour garder une bonne circulation de l’air.
Le chauffage, ça vient de là.
Si le lieu n’avait pas été entouré de toutes ses fumerolles et si sur le parking ne se trouvait pas un bus emportant un groupe de touristes, on pourrait aisément penser qu’il s’agit en réalité d’un immense complexe secret, qui sert de prototype à l’agence spatiale islandaise pour tester les futurs habitats martiens.
Oh wait. Où est passé ce bus de touristes ?
Euh, c’était pas orange Mars à la base ?
En continuant un peu plus haut, on tombe sur le lac de Þingvallavatn, le plus grand du pays. Il y a très peu d’arbres en Islande, et beaucoup sont autour de ce lac, de ce côté-ci. Parmi eux se cachent de nombreuses et riches résidences secondaires aux immenses baies vitrées tournées vers le spectacle de cet immense étendue d’eau douce.
Le chemin mène ensuite implacablement vers Þingvellir, haut lieu touristique et avant cela haut lieu historique du pays. C’est là où fut mis en place le parlement à l’arrivée des colons norvégiens, et plus récemment, c’est là où fut décrété l’indépendance du pays en 1944. Quand on se trouve sur place et qu’on repense à cette situation pas si lointaine, on ne peut qu’être ému en visualisant cet épisode. Devant la foule rassemblée et décidée à s’unir pour construire une nation indépendante, du haut du promontoire naturel rocheux et sous une pluie battante, le premier président fraîchement élu lisant le télégramme du roi du Danemark (alors nation à laquelle l’Islande était rattachée) envoyé du fond de sa prison tenue par les armées d’occupation allemandes, dans lequel il félicite les islandais pour cette décision (pourtant unilatérale), leur souhaitant par la même bonne chance.
L’immense plaine qui s’étend au nord du lac se trouve sur une faille géologique, et le bord ouest est parfaitement délimité par une paroi rocheuse de plusieurs mètres de haut qui s’étend sur plusieurs kilomètres !
Au milieu d’une faille.
Il y a de nombreux parkings répartis à plusieurs endroits de la plaine, mais heureusement comme le lieu est immense cela ne défigure pas grand chose. Et on trouve en ce lieu de nombreuses petites rivières qui s’en vont jusqu’au lac, s’arrêtant au passage pour former des étangs ou pour se glisser dans les différentes failles naturelles qui émerveillent par leur pureté immaculée. À ce propos, il semble même possible de plonger dans quelques unes de ces failles pour qui veut, comme vu ici.
Une autre faille, en version inondée.
Direction Geysir, localité qui tire son nom d’un des geysers qui s’y trouve. Enfin j’ai des doutes sur le sens du lien de cause à effet entre le nom du lieu et la présence de ces phénomènes géologiques. Mais qu’importe, ils sont bien là. Enfin il est là d’ailleurs, parce que le second, plus puissant encore que celui en activité est en sommeil depuis quelques années. Encore une fois, perdu au milieu de la toundra rien ne laisse présager du lieu qu’on découvre ici. Groupés sur quelques centaines de mètres, on trouve beaucoup de fumerolles, de petits ruisseaux d’où émanent de manière bien visible de la vapeur d’eau, laissant deviner la température élevée de l’eau, ou encore des petites cuvettes où barbote de l’eau bouillante, avec par endroits l’odeur assez forte du souffre.
Brûlis pour planter des pommes de terre. Oh wait, en fait non.
L’attraction du lieu est le Strokkur qui à intervalles assez réguliers se réveille pour cracher une gerbe d’eau bouillante à plusieurs dizaines de mètres du sol, qui au contact de l’air et avec la pression ambiante se vaporise presque aussitôt pour disparaître à tout jamais, et dont il ne reste que quelques traces pixelisées au fond des cartes mémoires des appareils photos qui pullulent alentour. L’expression « partir en fumée » prend tout son sens ici, car de ce puissant jet qui sort de terre il ne reste absolument rien après quelques secondes une fois l’eau volatilisée dans l’air ambiant.
Je vous laisse empiler les petits bonshommes et compter les pixels pour savoir combien ça fait de haut.
Je poursuis ma boucle pour tomber sur une autre curiosité naturelle, encore une fois sortie de nulle part, encore une fois attirant beaucoup de touristes, les chutes de Gullfoss. Et il y a de quoi être impressionné, tant par la forme étrange de cette rivière qui fait un coude que par le débit. Il s’élève de la cascade un nuage de vapeur qui retombe en pluie sur toute une partie du chemin qui y mène, et qui créé même ce que j’appellerai Quezac des « contre cascades » sur le versant opposé de la gorge qui évacue l’eau.
Une petite cascade pas piquée des hannetons.
Moutons du jour :
Si vous ne voyez aucun moutons sur cette photo, c’est normal. Bravo, vous êtes bien réveillé.
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