J2 : fallait pas être en retard
Parcours : Reykjavik - Hellissandur
Distance : 240 km
Les choses sérieuses commencent aujourd’hui, avec une première étape vers le Nord, et la péninsule de Snæfellsnes, en s’arrêtant du côte de Glymur, une cascade remarquable. On quitte là déjà la route N°1, celle qui fait le tour de l’Islande — la Ring road —, parcours le plus classique pour les voyageurs qui s’égarent dans ce coin du monde.
Et la chose qui frappe tout de suite, peu de temps après la sortie de la capitale, et qui nous enveloppe dans un sentiment d’apaisement certain, c’est l’absence complète de la main de l’homme dans les paysages qui s’offrent à nous. Et ce n’est pas juste le fait d’être à la campagne, non, c’est bien au-delà de ça. Il n’y a absolument aucune trace de civilisation, hormis la route qui me permet de m’enfoncer vers ce décor vierge. Pas de petits hameaux au loin, pas de champs cultivés, pas de barrière, pas de haies plantées. Et ce qui est marquant là-dedans c’est surtout que cette nature intouchée, il n’est nul besoin d’aller la chercher au fin fond d’un parc national à une centaine de kilomètres d’un village reculé. Non, on y tombe dedans quelques dizaines de kilomètres à peine après avoir quitté la capitale du pays ! Ce sentiment d’apaisement restera avec moi tout au long de la première partie de mon voyage.
Les choses sérieuses commencent.
J’enfile mes chaussures de marche, et me voilà parti à la recherche d’une des cascades les plus hautes d’Islande, avec ses 197 mètres de haut : Glymur. L’eau a creusé un profond sillon humide et verdoyant au milieu de la roche et des steppes plus arides alentour. Dans ce décor, je ne serais nullement surpris de voir surgir des profondeurs de cette gorge un ptérodactyle ou un autre animal oublié.
Le repère des ptérodactyles islandais.
Plus bas, à l’endroit où les falaises s’ouvrent pour laisser place à des pentes un peu plus douces, on trouve quelques moutons qui jouent aux dahus.
Une fois en haut, on peut aisément traverser la rivière à gué, en se déchaussant au préalable. De là, ni la pente ni le courant ne laisse présager des 200 mètres de dénivelée qui arrive quelques dizaines de mètres plus loin. Je redescends de l’autre côté de la rivière, et m’en retourne tranquillement au parking, en croisant notamment un promeneur qui lui récupère son véhicule : un vélo. Courageux qu’il est.
Je continue à monter vers le nord et découvre le sud de la péninsule de Snæfellsnes, où d’un côté s’étend la mer, de l’autre quelques montagnes pointues. Et entre les deux quelques prairies, pour certaines cultivées. Et on peut rouler, rouler, et encore rouler sans rencontrer un seul village, sans croiser une seule voiture. Les montagnes et la mer s’étendent à l’infini, mais semblent en même temps tellement proches. Ce n’est pas un fond de couleur posé là, c’est un tout, un ensemble réel et tangible dans lequel on évolue, dans lequel on se sent proche de tout ça et où on a harmonieusement sa place.
On plante le décor.
La route monte pour traverser les montagnes, et je découvre alors ma première route en graviers. Si les routes principales sont toutes goudronnées et bien entretenues, il reste des routes secondaires qui ne sont pas asphaltées. Ce sont des routes tout à fait officielles et publiques, mais qui n’ont manifestement pas suffisamment de trafic pour justifier le coût du goudron.
Tiens, voilà du gravier.
J’arrive ensuite pratiquement au bout de la péninsule, dans la petite ville de Hellissandur. Et là, à part quelques entrepôts de pêcheurs, quelques maisons un peu plus loin et un petit port, il n’y a rien. Si, juste une auberge de jeunesse, mais dans un ancien entrepôt, donc ça ne compte pas vraiment, si ?
Le patron a récupéré le local de son père pêcheur pour le transformer en auberge, et c’est plutôt fort bien réussi. D’autant qu’il s’efforce d’organiser chaque soir des activités culturelles (concert ou théâtre) dans l’arrière salle, et c’est compris dans le prix de la nuit. Bon, par contre faut arriver à l’heure. Non mais je veux dire vraiment à l’heure, parce que l’entrée se fait par la scène, donc une fois le spectacle commencé plus d’entrée possible. Ça avait l’air vraiment intéressant pourtant, il était question des légendes locales, malheureusement je ne pourrais pas vous en faire de critique (oui, vous l’aviez compris, j’ai eu 5 minutes de retard).
Et pour terminer, et parce que vous êtes sympa et que vous avez scrollé lu jusqu’au bout, je vous offre une image de mouton :
Moutons, qui n’ont qu’une notion assez floue du concept de vertige.
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