J12 : à la recherche de la lumière
Où je perds la notion du temps.
Parcours : Portree - Broadford
Distance : 130 miles (210 km)
Grosse pluie dès le matin, même si encore une fois le temps change très vite. Et on peut s’arrêter, jauger le ciel puis juger que l’occasion est bonne pour aller marcher un peu. Mais le temps d’enfiler ses chaussures et de prendre son sac, que la pluie revient d’un coup pour se déverser par torrents entiers sur les quelques courageux (ou les mieux équipés) qui ne s’arrêtent pas à ce genre de détail. On peut facilement résumer la météo écossaise par un algorithme de ce type : 1- averse de 3 minutes 2- nuageux sans pluie pendant 20 minutes 3- petit soleil pendant 5 minutes 4- grosse pluie pendant 30 minutes 5- léger crachin pendant 15 minutes 6- retour au point 1
Il y a quelques pics rocheux remarquables au nord de Portree, mais ils me resteront à jamais inconnus, perdus dans la brume. Je n’ai pas la patience d’attendre, surtout quand il y a tant à voir encore.
À commencer par le musée de l’île avec sa reconstitution d’un croft des siècles passés. Il s’agit d’une exploitation agricole isolée où vivaient une ou plusieurs familles. Ce n’était là que de pauvres paysans rattachés à un seigneur, comme le servage en France. L’Écosse reste très portée sur l’élevage de moutons, et on peut ainsi croiser en plein champ des gens (peut-être des descendants de ces mêmes paysans des crofts) qui sont en pleine tonte. Les moutons sont attrapés, retournés les quatre pattes en l’air, et à grands coups de rasoir électrique ils sont délestés de plusieurs kilos de laine en 3 minutes à peine.
Après cela, je voulais aussi aller visiter le château de Dunvegan, mais les dernières entrées se font à 17h et je suis arrivé à 17h10. C’est cela de batifoler au petit bonheur la chance sans programme établi à l’avance, on en oublie que dans la vraie vie il y a des horaires à prendre en compte. Qu’à cela ne tienne, je me rattrape en allant voir le phare le plus à l’ouest de l’île. Et ça vaut largement un château !
Le phare du bout de l'Île de Skye
Il y a là d’énormes falaises les pieds dans l’eau, et ce phare qui est planté là, tel un petit fort avec sa garnison tout autour. Avec ses murs blancs et or, il a plus des allures de phare ibérique qu’écossais. Mais c’est à l’immense corne de brume qui regarde vers le large qu’on comprend que les caprices du temps ici doivent être d’une toute autre ampleur que ceux de la Méditerrannée. Elle fait près de 2 mètres de long, en métal, massive, posée sur un crémaillère en demi-cercle pour être orientée en fonction de je ne sais quel paramètre météorologique.
Le soleil qui sort en fin de journée sur ces falaises dévoile encore tout plein d’instants aussi magnifiques qu’éphémères. Mais n’est-ce pas là d’ailleurs deux notions qui si elles ne sont pas synonymes sont au moins inséparables ?