J5 : la spirale infernale du wow effect

Carnet De Voyage en Islande
6 août 2016

Parcours : Bjarkarholt - Ísafjörður
Distance : 135 km

Toujours un peu plus au nord, voici ma devise de ces derniers jours qui me fait passer pour le Tryphon Tournesol local, la moustache en moins.

Je prends la direction de Ísafjörður, la plus grande ville de cette région d’Islande, en suivant la côte. Il n’y a guère le choix de toute manière, les villages sont très espacés les uns des autres, et les routes peu nombreuses. Et le trafic sur ces routes est bien représentatif de cet isolement, on ne croise que très peu d’autres voitures. Ce qui permet de ralentir, voire de s’arrêter sur la chaussée pour prendre des photos ou contempler les alentours sans gêner personne, sans avoir à trouver de bas-côté pour se garer. Et puis, accessoirement, cela permet aussi de profiter de ces paysages grandioses dans un silence absolu, ce qui les rend plus immenses encore. Et puis quand, au long du chemin, au fond d’un fjord, une plage de galets se dessine, on est tenté de s’asseoir là, d’écouter ce concert et de ne plus bouger. Jamais.

Le silence éternel de l’espace infini m’effraie, mais là ça va. Le silence éternel de l’espace infini m’effraie, mais là ça va.

Plus on avance et plus on découvre des lieux extraordinaires. L’effet de la découverte est primordial dans ce ressenti, car on peut rouler quelques kilomètres perdu au milieu d’un désert aride, puis tomber subitement ébahi devant un lac ou une cascade verdoyante. Et ces petits espaces enchanteurs n’en finissent plus de se dévoiler les uns après les autres, de manière toujours aussi surprenante.

Un lac perdu sur les hauteurs. Un lac perdu sur les hauteurs.

Et parmi cette variété de paysages, il n’y a qu’une constante, les triplettes de moutons. Ils sont partout, au bord de la mer les pieds dans le sable, sur les pentes abruptes, sur les hauts plateaux à braver les éléments ou encore perdus dans un désert de pierres. Il n’y a que très peu de clôtures et ils peuvent se promener librement durant toutes la période estivale. Et bien qu’ils semblent avoir assez bien assimilé le concept des voitures (ils attendent qu’elles passent pour traverser la route), ce n’est pas le cas de tous les individus et il faut rester vigilant quand on passe près d’eux. Ils circulent d’ailleurs très souvent par trois, la mère et ses deux agneaux d’après mes recherches.

Je m’arrête en route dans un musée qui retrace quelques pans de l’histoire islandaise, et notamment sa colonisation par des norvégiens fuyant les taxes et les persécutions du roi Harald Ier, à cheval entre la fin du IXème et le début du Xème siècle. Ce faisant, ne voulant remettre en place le système qu’ils venaient de fuir (une royauté), ils instaurèrent un système parlementaire qui fut le premier en Europe.

À l’extérieur, une maison historique caractéristique d’Islande a été reconstruite, avec des murs et des toits en tourbes. Toits sur lesquels la végétation ne manque pas de pousser. C’est ce qu’il y a de plus pratique quand sur l’île il n’y a pas de bois (et oui, pas de forêt en Islande), et je suppose que niveau isolation thermique cela doit aussi représenter quelques avantages.

Pas de colonisation romaine, pas de tuiles. Pas de tuiles, pas de tuiles. Pas de colonisation romaine, pas de tuiles. Pas de tuiles, pas de tuiles.

Avant d’arriver, il me reste à traversée une dernière curiosité locale, un tunnel avec un carrefour en son centre. Ce qui est d’autant plus étrange, c’est que la première partie du tunnel est trop étroite pour laisser passer deux voitures de front, et que tous les 100 mètres il y a un espace de dégagement pour permettre de se ranger pour se croiser.

Un tunnel flou. Un tunnel flou.

Me voilà enfin à Ísafjörður qui, bien que plus grande et dégageant un côté plus industriel que les précédentes villes que j’ai pu traverser, donne toujours cette image d’avoir été posée là, entre les montagnes et l’eau. Les maisons, en tôle ou en bois, sont souvent de couleurs vives, mais jamais dérangeantes à l’oeil. Il est aussi à noter que sur beaucoup de bâtiments est peint l’année de construction.

L’année de construction, à moins que ce soit une tombola géante. L’année de construction, à moins que ce soit une tombola géante.

Étant arrivé relativement tôt, je m’en fait découvrir une cascade repérée sur le chemin, sur les hauteurs de la ville. Les guides touristiques en mettent en avant certaines, mais à vrai dire elles sont assez communes dans le paysage islandais, et on en trouve partout. C’est d’ailleurs à chaque fois l’occasion de refaire ses réserves d’eaux, en se servant directement à la source.

Une fière représentante des cascades islandaises. Une fière représentante des cascades islandaises.

Me voilà le plus au Nord que je n’ai jamais été, puisque Ísafjörður se trouve au-delà du 66° degré de latitude Nord. Pour rappel, le cercle polaire est à 66° 33′. Et vous savez quoi ? En short et en t-shirt ça passe tranquille ! Bon, à la mi-août, en plein soleil, et sans vent. Mais quand même ! Et on sent nettement que le soleil n’a pas vraiment envie de descendre trop bas derrière l’horizon, même quand il commence à se faire tard. Il est difficile de se forcer à aller dormir alors que le ciel flamboie encore de mille couleurs.

Le mouton du jour :

Il ne lui manque plus qu’un petit tapis rouge pour traverser en toute sérénité Il ne lui manque plus qu’un petit tapis rouge pour traverser en toute sérénité

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