J8 : la Fin du monde

Journal De Bord Transatlantique
15 août 2015

Bon c’est bien sympa les journées de 25 heures, sauf que mon corps ne comprend pas comment ça marche. Du coup je tombe de sommeil à 21h, et je me réveille à 3h30…

Dans la mer du matin, j’ai la chance d’apercevoir des poissons volants. Ils surgissent de l’eau, seul ou en bande de 3 ou 4, agitent leurs nageoires-ailes pour se maintenir au dessus de l’eau quelques secondes, puis replongent tête la première dans une vague qui les emmène loin de mes yeux. Ils sont pareils à des libellules, dont les ailes battent très vite et réfléchissent le soleil. De là où je suis j’estime leur taille à 5 ou 10 centimètres maximum, et j’en ai juste aperçu un de 20 centimètres peut-être. Une des passagères a de son côté aperçu une tortue !

Les autres passagers justement, à Montoir nous avons embarqué un couple de retraité qui fait un voyage d’un mois pour leur retraite (monsieur était marin dans sa jeunesse), c’est à dire le tour complet Montoir – Pointe-à-Pitre – Fort de France – Pointe-à-Pitre – Dunkerque – Rouen – Le Havre – Montoir, ainsi qu’une mère et son fils qui partent emménager en Guadeloupe. Ils ont avec un eux un container qui contient leur voiture et les effets personnels qu’ils n’ont pas vendus en partant de France.

Littérature, à nous deux Littérature, à nous deux

L’activité du jour, pour le pauvre aventurier lecteur que je suis, en vadrouille perdu sur l’océan, consiste à trouver l’endroit idéal pour avancer mes lectures en cours. Il faut au moins l’après-midi entière pour répondre à cette question. Côté bâbord à l’ombre ? Non, avec le vent il fait un peu frisquet. A tribord alors ? J’embarque le transat de l’autre côté, et m’installe en plein soleil. Ça tape fort, j’ai les pieds et les épaules toutes rouges. Bon, ça sera dans la cabine, sur le canapé. Pfiou, c’est difficile la vie.

Ceci n’est pas un William Turner Ceci n’est pas un William Turner

Ce soir encore les nuages nous cachent le soleil quand il s’en va. Si je me lève encore tôt demain, j’en profiterais pour aller voir si c’est pareil quand il se lève. Et oui, mon concept d’horizontalité est assez subjectif.

Je suis surpris par la pluie pour ma balade digestive d’après-repas, nous passons juste sous un ensemble de nuages noirs qui nous livrent une bonne averse. Et comme les autres nuages s’étaient préalablement tous curieusement rassemblés sur le bord de l’horizon, cela donne lieu à une ambiance assez surréaliste de fin du monde, avec les lueurs orangées du soleil en arrière-plan, des moutons de nuages bas couvrant tout l’horizon, et des nuages noirs rapides passant au dessus de nous.

Ceci n’est pas la fin du monde Ceci n’est pas la fin du monde

L’averse ne dure pas, les nuages au-dessus de nous s’écartent, et quand les derniers rayons du soleil s’en vont par delà le bout du monde, apparaît le ciel nocturne et ses merveilles. Il n’y a pour seule pollution lumineuse que celle que produit le bateau lui-même, et elle reste faible. Et c’est toujours aussi fascinant, même pour qui l’a déjà vu, d’observer ces milliers d’étoiles, qui nous regardent à leur tour, toutes selon leur angle différent. Et en ce mois d’août, c’est aussi la saison propice pour observer les étoiles filantes, qui fusent effectivement de toutes parts !