J7 : Monseigneur l’astre solaire

Journal De Bord Transatlantique
14 août 2015

Qu’il est bon de se réveiller (à 5h30 certes) avec le soleil dès le petit jour ! Au placard le pull, je crois que nous avons passé les Açores, le temps s’est clairement réchauffé.

La vie à bord s’organise de façon assez claire, 8h petit déjeuner, 12h15 déjeuner, 19h30 dîner. En dehors de cela on est complètement libre de vagabonder où bon nous semble. Il faut simplement se renseigner s’il n’y a pas de travaux en cours quand on veut faire un tour à l’extérieur sous les containers (le chemin de ronde). Le « château » (c’est comme ça que s’appelle dans le jargon la tour avec les cabines et les zones de vie commune) se compose de plusieurs niveaux. Dans les cales nous avons accès à la salle de sport, sur le pont A il y a des bureaux pour gérer la partie commerciale des opérations et qui est utilisée notamment pour les embarquements/débarquements. Sur le pont B, nous trouvons la cuisine et deux salles à manger (une officier et l’autre équipage). Sur les ponts C et D se trouvent les cabines de l’équipage. Les cabines passagers sont toutes sur le pont E, avec quelques cabines officiers. Et enfin sur le pont F se trouvent les dernières cabines des officiers et une salle de télécommunication (là où se trouve l’ordinateur dédié au mail notamment). Au dessus se trouve la passerelle où se relaient en permanence au moins 2 personnes, nuit et jour. Un ascenseur permet de monter du pont A au pont F, mais il est tout aussi simple de prendre l’escalier interne ou les escaliers externes (un de chaque côté).

Qu’est-ce qui se cache là dessous ? Qu’est-ce qui se cache là dessous ?

Le Fort Saint-Louis a la particularité d’être assermenté par Météo France pour lancer des ballons sondes, qui embarquent quelques instruments de mesure et qui s’envolent jusqu’à 30km de haut. Un lancer est effectué toutes les 12 heures, et nous avons la possibilité pour la première fois d’en voir un en direct ce matin. Une seule personne suffit pour le préparer, le ballon vide est placé dans une caisse ronde, fermée par une bâche.

Ceci n’est pas un OVNI Ceci n’est pas un OVNI

Il est ensuite rempli d’hélium, on y attache les instruments de mesures et puis hop, on le lâche et il s’envole très vite loin de nous.

Le menu du jour Le menu du jour

Qui pourrait me dire sincèrement comment ne pas faire la sieste après un tel repas (sachant que l’entrecôte faisait bien 250g, et que la part de gâteau était énorme), avec un verre de vin, un soleil haut dans le ciel qui commence à cogner très fort et un doux roulis qui nous berce ? Comment résister à un tel appel à la sieste ?

Ne me demandez pas le lien entre le voilier sur le menu et notre bateau, il n’y en a pas. Nous avons droit tous les jours à une photo qui n’a rien à voir, ça doit être un stagiaire philippin qui s’amuse avec Word et la banque d’image. Je vous passe d’ailleurs la photo du menu pour l’équipage, eux aussi en ont une différente chaque jour, et ce n’est pas un bateau…

Cache-cache avec les nuages Cache-cache avec les nuages

Nous sommes absolument seuls dans cet espace infini. Infini mais non monotone. L’espace est vivant, il se remodèle sans cesse au grès du vent, des nuages, du soleil, de notre passage, des animaux qui surgissent à l’improviste depuis le ciel ou depuis la mer. Il y a toujours de nouvelles formes, de nouvelles couleurs à découvrir et à essayer de comprendre. Chaque instant est unique. Nous avons passé aujourd’hui la moitié du trajet je crois. Malheureusement.

J’ai aperçu un autre bateau au loin, et comme celui que nous avons croisé hier, nous l’avons doublé, et pas qu’un peu. Nous allons assez vite pour un cargo, étant donné notre retard à combler Et puis j’ai vu aussi quelques geysers lointains, ainsi qu’une queue rentrant dans l’eau, mais je n’ai pu déterminé à qui elle appartenait (à un animal marin, oui certes).

L’horizon est joueur, il nous laisse voir des nuages au raz de l’eau, qui donne l’impression d’apercevoir une terre au loin. Il n’en est rien, c’est juste la terre qui est courbe, et l’horizon en terrain découvert comme ici est absolument fini, il ne nous montre que ce qui se trouve à moins de 20 km de nous. Plus loin, ce qui est dans le ciel nous paraît plus bas, et comme ici nous donne l’impression d’être posé sur la mer. Malgré un joli soleil et un ciel relativement dégagé, nous n’avons jamais eu la chance d’avoir un coucher de soleil parfaitement clair pour l’instant, avec l’astre solaire venant se jeter corps et âme dans la mer, et nous empêchant par la même d’apercevoir le fameux rayon vert.

Soleil du soir espoir Soleil du soir espoir