J3 : À quai

Journal De Bord Transatlantique
10 août 2015

Au petit jour les grues sont toujours en pleine action, tout comme les dockers sur les quais. C’est un travail à la chaîne qui n’en finit plus : les containers sont ramenés de leur rangée par des camions sous les grues, qui les prennent aussitôt pour les faire monter à bord. Tout semble chronométré tant cela est fluide dans l’enchainement des actions, chacun connaît précisément son rôle.

Un des mystères du positionnement est résolu, ce sont les ingénieurs dans le bateau qui disposent de logiciels permettant de répartir la charge, entre les containers et le ballast (de l’eau de mer tout simplement). Cela permet de prévoir un tangage et un roulis acceptable en fonction de beaucoup de paramètres comme la forme du bateau mais aussi la densité de l’eau qui varie d’une zone du globe à l’autre par exemple. C’est moins fun que le classement par couleur, mais certainement plus sûr. Merci amis physiciens pour la modélisation de ces problèmes.

On fait le plein On fait le plein

Nous sommes aussi ravitaillé en fioul, et pas qu’un peu ! 1200 tonnes ! On roule pas qu’à l’amour et à l’eau fraîche…

Sur la passerelle encore vide d’officier, nous assistons à la fin du chargement, au repli des grues, à l’arrivée des nouveaux passagers et au changement d’équipe d’élève officier. Il n’y a plus le stress du premier départ, nous y avons déjà goûté, et je n’ai qu’une hâte maintenant c’est de repartir. Mais c’est une hâte toute relative, car rien ne dépend de nous, on se laisse porter sans donner de prise au temps qui s’écoule. Et on observe. On observe les préparatifs qui donnent à notre départ un côté solennel. Notre cargo me donne toujours l’impression d’être un énorme animal qu’on caresse, qu’on brosse, qu’on nourrit pour lui donner du courage et de la force avant sa traversée.

La passerelle est toujours en place et nous sommes encore bien amarrés alors que tout le monde semble paré. Le Capitaine sort finalement nous annoncer qu’il y a un problème avec un container dont le système de refroidissement ne fonctionne pas. Il faut le débarquer avant de partir, mais comme les dockers sont rentrés et qu’on est dimanche, il faudra attendre demain matin. Nous allons donc devoir passer la journée à quai à cause d’un container mal réfrigéré, mais la marchandise est reine qu’il paraît.

Un tanker arrive dans la Loire Un tanker arrive dans la Loire

Entre les parties de ping-pong et la sieste, c’est l’occasion de regarder simplement passer les autres bateaux. Le port de Montoir est plus petit que celui du Havre, mais il y a tout de même de nombreux navires à quai. J’ai aussi pris le temps de me renseigner sur les cargos immatriculés au Panama, et la raison est simple : aucun impôts sur les bénéfices, juste une taxe annuelle minime. Et puis officieusement les contrôles de sécurité locaux sont aussi plus laxistes, mais c’est une autre histoire. Quoiqu’il en soit, le Fort Saint-Louis est 100% français, immatriculé à Marseille. Comment ça il a été fabriqué à Hong Kong ? Oui bon, zut.

Les quais de Montoir Les quais de Montoir