J5 : les crêpes de Morlaix et les oignons de Roscoff

Où je prends le train pour prendre le bateau.

De Brest À Édimbourg
12 août 2017

Parcours : Guingamp - Roscoff
Distance : 80 km

Journée de transition aujourd’hui jusqu’à Roscoff, avec une étape à Morlaix pour manger à nouveau dans la crêperie découverte la dernière fois. Morlaix est relativement loin de la côte, et se trouve tout au bout de la baie de Morlaix dans laquelle nous étions il y a quelques jours. Il faut suivre la rivière (sobrement appelée la Rivière de Morlaix) sur plusieurs kilomètres pour arriver au port. La ville est construite au pied de la vallée qu’a creusée la rivière, et sur chacun de ses versants en amont. Il y a d’ailleurs un énorme viaduc qui porte la voie du chemin de fer Paris - Brest qui traverse la ville de part en part, et il en est devenu l’un des symboles.

Réclame pour Morlaix Réclame pour Morlaix

Et posé à quelques hauteurs sur ce viaduc, on n’en admire que mieux la ville, qui est d’une harmonie parfaite, avec tous ses bâtiments aux toits d’ardoise, ses touffes de verdures qui jaillissent ça et là, et ses quelques maisons à colombage.

C’est aussi l’occasion de visiter la Manufacture des tabacs, qui s’étend le long des quais. Aux XVIIIème et XIXème siècles, en pleine effervescence de par l’augmentation de la production de tabac (manuelle puis mécanisée), le port accueillait des bateaux de tous horizons venus livrer le tabac cultivé dans le Nouveau monde et dans les colonies. Encore une image que j’ai de cette époque, où ces grands navires remontaient la rivière, entraient dans le port, venaient s’amarrer aux quais de part et d’autre. Ce devait être impressionnant que de voir ainsi des trois mâts en pleine ville. Car oui, le port est bien loin de la mer et il y a des immeubles tout proches.

Morlaix Morlaix

Un peu plus au nord, à Roscoff, la haute saison transforme énormément la ville, et pas vraiment à son avantage. Il y a un nombre fou de touristes, alors que lors de ma visite printanière il faisait très bon s’y promener. Le front de mer et le centre ville historique sont parsemés de vieilles maisons fortifiées d’armateurs ou de corsaires, qui au cours des siècles passés se sont enrichis d’une façon ou d’une autre en prenant la mer ou en finançant diverses opérations.

Les amateurs de cuisine le savent peut-être, au-delà de son port de corsaires, Roscoff est surtout connu pour ses oignons, cultivés dans les alentours. Il n’y a rien d’extraordinaire dans des oignons me diriez-vous, si ce n’est que ceux-là sont roses. Non, ce qui est moins ordinaire c’est la façon dont ils ont été historiquement commercialisés. En effet pour écouler leurs stocks, les producteurs ont choisi au début du XIXème siècle de traverser la Manche pour vendre aux anglais leurs légumes qui font pleurer. Et plus particulièrement auprès des pêcheurs et des marins anglais car c’était pour eux une source de nourriture simple à transporter et surtout à conserver. Mais ce n’est pas tout, puisqu’ils ne se sont pas contentés de les vendre sur le marché comme tout le monde, ils avaient engagé des vendeurs qui, avec leur bicyclette, faisaient du porte à porte pour vendre les tonnes d’oignons produites. Oui, des vendeurs qui parcouraient le sud de l’Angleterre pour faire du porte à porte pour vendre leurs oignons, vous avec bien lu.

Ils sont fous ces bretons. Et d’ailleurs ils ont aussi de la suite dans les idées, puisqu’en 1972 fut créée la Brittany Ferries, compagnie de transport maritime qui avait pour vocation de transporter les camions bretons plein d’oignons vers les contrées sauvages d’outre-Manche. Brittany Ferries est une compagnie qui existe toujours aujourd’hui, même si elle a peu à peu réorienté son activité du fret vers le transport de passagers, et c’est d’ailleurs la compagnie que je prendrai demain pour traverser en ferry vers Plymouth. L’oignon mène à tout !

Photos
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