J8 : étape médiévale

La Mer Baltique Sur Le Belem
9 juillet 2019

Lieu : au large du Danemark

Nous avons fait 40 milles au moteur pendant la nuit, et nous nous réveillons en vue de l’île de Götland, la plus grande de Suède. De toutes nos escales, c’est la seule qui était prévue, toutes les autres ont été improvisées dans le cadre de notre voyage. Nous entrons à Visby dans l’indifférence d’un port industriel, à quelques centaines de mètres du Serenade of the Seas. Il est étrange de trouver un tel paquebot en mer Baltique. L’accostage au long du quai n’est pas sans douleur, car même en s’approchant avec toute la douceur possible une poulie se retrouvera coincée entre la coque et une des défenses en caoutchouc du quai. Et sous la pression elle sera littéralement cassée en deux. C’est là un rappel des forces qui sont en jeu quand on déplace de telle masse, et un rappel aussi à ne pas laisser traîner ses mains dans pareille situation.

Visby est la ville principale de l’île de Götland. Cité médiévale, fortifiée, classée à l’Unesco, avec de nombreuses ruines d’églises du 12ème siècle. Il est curieux de voir que de ces églises ne subsistent plus que des ruines pour la plupart, où seulement quelques arches sont encore dressées. Si la ville a pareille histoire, c’est qu’au moyen-âge elle a été un point central du commerce entre les pays baltes, l’actuelle Russie et le nord de l’Europe (Pologne, Allemagne, Danemark, Angleterre). C’était là le territoire de la Ligue hanséatique, association de marchands allemands.

La ville est très fleurie, et sur les bords des routes pavées du centre ville on trouve notamment beaucoup de roses et de roses trémières. Comme hier sur l’île de Öland, on sent toujours que si les plantes sont cultivées et entretenues, il n’y en a jamais trop qui est fait. Loin du jardin à la française, impeccablement coupé dans un souci mathématique. Ici il y a toujours un côté sauvage et laissé à la nature qui se marie parfaitement avec les maisons et l’ambiance de la ville.  Autre particularité suédoise qui me semble ressortir et que j’avais déjà pu ressentir hier, tout le monde roule incroyablement doucement. Même sur des routes en forêt sans circulation et sans radar, les gens respectent les limitations de vitesse quand ils ne sont pas en deçà !

Il y a beaucoup de touristes dans la ville, principalement des suédois, mais aussi quelques troupeaux d’espagnols ou d’asiatiques, probablement descendus directement de l’hôtel flottant que nous avons vu en arrivant au port.

Dans le restaurant le soir, tenu par des suédois et avec uniquement des suédois à l’intérieur, nous avons un nouveau rappel de l’exportation de la culture française de part le monde. Au mur, entre un noeud de chaise et une gravure de phare, il y a un cadre qui contient ces vers : 

La mer ! La mer !

Ma peau, mes mains et mes cheveux Sentent la mer Et sa couleur est dans mes yeux ; Et c’est le flux et le jusant Qui sont le rythme de mon sang.

Émile Verhaeren

(C’est plus la culture francophone ici en l’occurrence, c’est un poète belge)

Photos
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