J10 : fable scandinave

La Mer Baltique Sur Le Belem
11 juillet 2019

Lieu : dans l'archipel de Stockholm

Dernier jour du voyage. Le pilote du port de Stockholm arrive à bord dès 10h30. Lunettes de soleil, anglais parfait, mèche blonde et sourire de publicité pour chewing-gum, il a plus des allures de pilote d’avion que de bateau. Au vue du parcours qui nous attend encore pour arriver à quai à 16h, c’est absolument nécessaire. Il y a un archipel de plusieurs centaines si ce n’est milliers d’îles à traverser. Et toutes les voies ne sont pas navigables, d’autant plus avec un voilier de 50 mètres.

Pour ce dernier jour, Bernie a sorti le grand jeu avec un dernier accessoire qui le fait coller de plus en plus au personnage du capitaine Haddock : la pipe ! D’autant qu’entre temps j’ai appris qu’il était rentier, et que pour passe temps il s’occupait d’un navire musée à Hambourg. Je crois qu’il est difficile de trouver plus conforme comme copie en chair et en os.

Pour ce dernier jour aussi, les cuisiniers se sont adaptés à notre destination, et nous on préparé un plat local : la tartiflette version suédoise, avec des anchois à la place des lardons. C’est très réussi, comme les plats des autres jours. La cuisine est un point stratégique sur un bateau, c’est le seul accès à la nourriture et nous n’avons pas le loisir d’aller voir ailleurs si ça ne convient pas. D’autant que nos appétits de marins ne nous laisse pas le loisir de pratiquer un jeûne occasionnel.

Une fois entré dans l’archipel de Stockholm, on a l’impression d’être au milieu d’un immense lac car rapidement on perd l’horizon infini de la mer. Les îles sont semblables à celles de hier, mais bien plus nombreuses. Des rochers, des pins, des bouleaux, quelques roseaux et des plages de sable. Et parsemées çà et là, des cabanes de tailles différentes. À mesure qu’on se rapproche de la capitale suédoise, la taille des cabanes augmente tout comme leur densité. Cependant elles sont toujours disposées harmonieusement et de manière suffisamment discrètes pour ne pas pervertir la nature sauvage qui les abrite. Rapidement nous sommes escortés par de nombreux voiliers, qui surgissent de par derrière les îles en zigzaguant entre elles. Toutes ces voiles ajoutent encore un peu de charme à ce lieu. Il serait très facile de se perdre ici, tant chaque endroit où nous posons le regard est rempli de grandeur et de poésie. L’horizon se renouvelle, se régénère et nous surprend à chaque fois que nous pensions l’apothéose atteinte.

Mais ce qui semblait infini à une fin. Cette nature qui défilait devant nous est remplacée petit à petit par un urbanisme de plus en plus dense. Jusqu’à arriver à quai en plein cœur de Stockholm. Qu’il est difficile de quitter la mer et son doux roulis, de quitter le bateau et son pont qui était le nôtre depuis de nombreux jours. Qu’il est triste de dire soudain adieu à un équipage et à des camarades d’aventure qu’on a appris à connaître, à couper des liens en train de se créer.

Au premier pied posé à terre sur le quai, on a la sensation de sortir d’une fable ou d’un animé japonais onirique pour revenir s’ancrer dans la réalité.

Photos
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